Depuis la création de Stellantis, la plupart des marques du groupe ont adopté une feuille de route ambitieuse pour devenir entièrement électriques (suite au plan Dare Forward 2030). Parmi elles, Maserati, la prestigieuse marque italienne renommée pour ses sonorités envoûtantes. Mais pourquoi Stellantis mise-t-elle sur le 100 % électrique pour Maserati, et pourquoi ce choix est-il risqué ? Explorons ces questions en détail.
La stratégie de Stellantis : rentable ou meurt
Stellantis vise une marge à deux chiffres et des dividendes importants pour ses actionnaires. Chaque marque doit prouver sa capacité à contribuer à cet objectif d’ici 2030, ce qui implique une mutualisation significative des composants, telles que les plateformes (STLA Smart, Small, Medium, Large, Frame) et motorisations. Si cette stratégie de mutualisation peut convenir à plusieurs marques, elle risque de dégrader la valeur perçue d’une marque de luxe comme Maserati. Par exemple, la plateforme STLA Large, initialement prévue pour Maserati, est aujourd’hui remise en question. Carlos Tavers, CEO de Stellantis, a prévenu. Si une marque ne gagne pas d’argent en 2030, elle sera arrêtée.
Motorisations, entre choix technique et norme CAFE
En 2019, FCA a déclaré qu’elle cesserait d’acheter les moteurs Ferrari pour ses V6 et V8 en 2021, maximum 2022. Actuellement, Stellantis dispose du V6 de la Giulia, dont dérive le V6 Nettuno, et du récent GME L6 alias Hurricane. Cependant, ni l’un ni l’autre ne sont prévus pour être hybrides rechargeables (PHEV). Selon nos informations, le développement du PHEV pour le GME L6 a été stoppé en 2022.
La norme CAFE impose que 25 % des véhicules vendus en 2025 soient électriques, avec des émissions moyennes de CO2 de 81 g/km. Or, un Grecale Trofeo émet 254 g/km de CO2 et un Levante Trofeo V8, 317 g/km. Même un Grecale 4 cylindres MHEV dépasse les 200 g/km. Avec une pénalité de 95 € par gramme de CO2 par voiture vendue au-delà de 81 g/km, Maserati n’est pas le bon élève des marques du groupe et n’a pas d’intérêt à faire trop de volume. A titre de comparaison, une Alfa Romeo Junior hybride émet entre 110 et 120 g/km et une Ferrari 296 GTB PHEV environ 150 g/km.
Lotus, Porsche, Ferrari, Lamborghini, que dit la concurrence ?
La gamme Folgore de Maserati offre des qualités sportives indéniables (de nombreux tests indiquent que la Grancabrio Folgore est remarquable), mais elle manque d’un élément crucial de l’ADN de la marque : la sonorité. Les clients de voitures de luxe y sont particulièrement attachés. En 2022, Ferrari déclarait que le succès à long terme des technologies hybrides et électriques était incertain : « À long terme, nous pensons que les moteurs à combustion continueront d’être essentiels à l’expérience du conducteur de Ferrari« .
Lotus, une marque de voitures de sport qui devient 100 % électrique, aujourd’hui intégrée dans le groupe chinois Geely (Volvo, Polestar, Lynk & Co…), illustre bien cette incertitude avec 6900 livraisons pour 750 millions d’euros de perte en 2023. Malgré 17 000 commandes à honorer, Lotus a encore perdu 258 millions d’euros au premier trimestre 2024. La marque vise 30 000 livraisons annuelles pour atteindre la rentabilité et 150 000 livraisons en 2028, avec la Chine comme marché principal.
Porsche, face à une adoption plus lente que prévu des véhicules électriques en Europe, a réduit ses ambitions de ventes de voitures électriques. Elle maintient une double stratégie, développant à la fois des voitures à moteur thermique et des véhicules électrifiés. le PDG de Rimac, de son côté, a souligné que l’engouement pour les hypercars électriques s’amenuise, les acheteurs recherchant des sensations analogiques et des moteurs à combustion.
Aston Martin a repoussé le lancement de son premier modèle 100 % électrique à 2026. Ferrari prévoit un seul modèle électrique en 2025, et Lamborghini n’envisage pas de modèle électrique avant 2028. Fin 2023, le PDG de McLaren a précisé que la marque ne se lancerait pas sur le segment des véhicules électriques de sitôt.
Le pari 100 % électrique : un risque calculé ?
Maserati est-elle réellement avant-gardiste en devenant une marque de luxe 100 % électrique, ou est-ce une décision dictée par l’absence d’options techniques et la nécessité de se conformer à la réglement réglementation CAFE dès 2025 ? Une chose est sûre : le chemin vers l’électrification complète est semé d’embûches pour Maserati, et le pari de Stellantis est loin d’être gagné d’avance. Les prochaines années seront cruciales pour déterminer si ce choix stratégique portera ses fruits.
Le tout électrique pour les voitures sportives ne marche pas. Il faut passer par des modèles hybrides, c’est ce que fait Ferrari.
Ce sera le même problème avec les futures Alfa Romeo.
Il me semble vital pour Maserati de posséder une plateforme et des technologies spécifiques, de même que pour Alfa Romeo d’ailleurs, c’est ce que viennent chercher les clients. Cela vient en contradiction directe avec le plan de mutualisation à outrance et les exigences de ROI édictées par Administrateur Lambda. La passion automobile ne peut pas aller de pair avec la passion de l’argent, surtout si on est plus passionné par l’argent. On peut donc estimer avec cette mise en pause que l’équipe Maserati résiste à cette tendance à l’uniformisation en conservant la plateforme Giorgio 1.5 et l’expérience de conduite qui va avec, ce qui est bien tout ce qui compte quand il s’agit de vendre une voiture de luxe. D’un autre côté l’Innovation Lab est en cours de fermeture donc il est difficile de voir en l’état comment pourraient être développés de nouveaux modèles (en les sous-traitant totalement à Dallara ?). Je ne vois pas Maserati ni Alfa Romeo disparaître, ce sont des marques beaucoup plus fortes que Stellantis dans leur secteur (le secteur automobile, pas financier). Donc éventuellement elles seront vendues, pas « fermées ».
Ils cherchent vraiment à se saborder c’est pas possible.
J’en reviens à ma comparaison avec les montres. Une montre digitale, même enrobée des matériaux les plus précieux, des plus beaux cuirs restera une vulgaire montre digitale et ne fera jamais concurrence à un fascinant mécanisme horloger et prestigieux.
Comparaison intéressante et plutôt juste !
Bien d’accord !!!