ESSAI Lancia Ypsilon HF : la nouvelle référence des petites voitures électriques sportives ?

Cette Lancia Ypsilon HF, je l’avais vue pour la première fois il y a environ un an, alors qu’elle n’était encore qu’un prototype. J’étais impatient de l’essayer : enfin une citadine “sportive” à la place de la longue liste SUV ! Lors de mon test du Junior Veloce de 280 ch sur circuit, celui m’avait agréablement surpris, j’avais donc de grandes attentes pour cette Lancia Ypsilon HF. Le rendez-vous était donc pris sur le circuit de Balocco, le fin juin, pour découvrir et essayer en détail cette voiture ! 

Le Look : bien à l’extérieur, décevant à l’intérieur

Quand je pense au design de Lancia, je pense à la Flaminia, la Fulvia, la Flavia, la Beta ou la Delta, pour ne citer que ces modèles… Tous des designs différents, mais qui ont marqué leur époque. On ne va pas refaire l’histoire de cette Ypsilon : il s’agit d’une Peugeot 208 sur laquelle a été appliqué le concept Pu+Ra HPE.

Le design de cette Lancia Ypsilon, on l’aime un peu, beaucoup, ou pas du tout. Un peu comme l’Alfa Romeo Junior : depuis sa sortie, dès que je sonde mon entourage pour avoir un avis sur le design de la voiture, c’est toujours pareil : j’aime l’avant mais moins l’arrière, j’aime l’arrière mais moins l’avant, j’aime tout ou je n’aime rien (et puis « ce n’est plus une Lancia », c’est une 208, bla bla bla).

Personnellement, j’aime bien le look de la Lancia Ypsilon. L’arrière me rappelle beaucoup l’Alfa Romeo MiTo (même si Lancia veut faire référence à la Stratos) et la signature lumineuse est sympa. Et oui, bien sûr, elle ressemble de l’extérieur à une 208 ou une Corsa dont elle partage des éléments. Mais c’est l’Ypsilon que je préfère parmi les trois modèles.

Arrivé sur le circuit, la Lancia Ypsilon est visible en blanc, en noir et en orange. Le look HF est réussi. Si l’on veut une citadine avec un look sportif, c’est réussi : jantes de 18″, pare-chocs avant et arrière, diffuseur et passages de roues spécifiques à la version HF. Dans toutes les couleurs, ça lui va bien. 

À l’intérieur… c’est sympa, mais pour une voiture qui revendique l’héritage HF, cela aurait pu être mieux. Je ne sais pas combien cela aurait coûté au constructeur, mais j’aurais mis de l’Alcantara à la place du plastique dur sur le tableau de bord et les garnitures de porte, et aussi un peu sur le volant. Ou encore utilisé plus de tissu avec des surpiqûres. L’ambiance sportive aurait été bien meilleure car ici, à part les (beaux et confortables) sièges baquets et le logo HF sur le volant, la différence avec une Lancia Ypsilon normale ne saute pas aux yeux. C’est vraiment dommage ! 

Les performances : pas la surprise que j’attendais

Tout d’abord, la Lancia Ypsilon HF est 2 cm plus basse et a des voies élargies de 7 cm par rapport à la version de base. Elle est dotée du moteur emotors M4+ de 280 ch, produit à Trémery dans le nord-est de la France, ainsi que d’un différentiel Torsen. Le réglage de cette sportive électrique a été confié à Stellantis Motorsport, qui s’était déjà occupé de l’Abarth 600e.

Pour avoir essayé le Junior Veloce 280 ch dans les mêmes conditions, sur le même circuit que cette Lancia Ypsilon HF 280 ch, j’étais impatient et curieux de voir si c’était exactement pareil, voire mieux ! Et oui : même plateforme, même moteur, même différentiel Torsen… donc même voiture ? Eh bien, pas vraiment. 

Déjà, à l’accélération, le Junior est donné à 5,9 secondes, contre 5,6 secondes pour la Ypsilon HF. Logique : on parle d’un SUV face à une citadine. Dans les faits, on ne ressent pas réellement de différence de ce côté-là. Ça accélère bien, mais au ressenti, pas forcément mieux que le Junior : ils font jeu égal malgré la différence de 0,3 seconde annoncée. À noter que le poids à vide des deux modèles est quasi identique. Attention, on est quand même sur le papier sur une accélération de Giulia Veloce 280 ch, donc pas mal !

Au niveau de la tenue de route, je suis partagé. Si la Ypsilon est logiquement meilleure car plus basse qu’un SUV (donc normalement moins de roulis), j’ai trouvé, dans mes souvenirs, que la direction du Junior était plus directe et précise. Je n’ai pas trouvé d’information sur le rapport de direction de la Ypsilon par rapport à l’Alfa Romeo, et Lancia n’a pas pu me la communiquer. En poussant la voiture à ses limites, je me suis même retrouvé à avoir parfois un peu de roulis que j’ai du rattraper dans certains virages. À noter aussi que l’Alfa Romeo Junior a des barres antiroulis à l’avant et à l’arrière, là où Lancia n’a rien communiqué à ce sujet, et n’en a donc peut-être pas ? La Ypsilon reste bonne, mais la comparaison avec sa cousine directe est intéressante.

Ensuite, le freinage est pour moi l’aspect où la différence est la plus marquée. Alors que le Junior avait un freinage très mordant, efficace, qui ne déclenchait pas l’ABS, sur la Ypsilon HF, plusieurs fois sur le circuit, au freinage, je me suis retrouvé à déclencher l’ABS. Le freinage de la Ypsilon semble moins « mordant » que celui du Junior. Rappelons que le Junior a des disques ventilés de 380 mm et des étriers Brembo à 4 pistons, alors que la Ypsilon HF a des disques de 355 mm et des étriers Alcon à 4 pistons. Bref, en condition circuit, le freinage peut être déstabilisant.

Au final, si cette Ypsilon HF reste performante, et alors qu’on pourrait s’attendre à la même voiture, le Junior Veloce est, dans mes souvenirs, plus efficace sur circuit que cette Ypsilon HF. Bien sûr, on parle ici d’un usage sur piste où la voiture est poussée à l’extrême, comme si le futur client allait faire du circuit avec, ce qui ne sera pas le cas (ou rarement). Si vous êtes un potentiel client, soyez rassuré, l’Ypsilon HF sera de toute façon suffisamment performante et rassurante pour une utilisation sur route ouverte. 

Cette Lancia Ypsilon HF mérite-t-elle le badge HF ?

Non et oui, j’explique. Le label HF a disparu avec la Lancia Delta dans les années 1990. Quelqu’un qui avait 15 ans en 1990 et qui s’intéressait au sport auto a aujourd’hui 50 ans. Autrement dit, une personne qui a connu l’époque HF a plus de 50 ans et ne sera probablement plus cliente Lancia (et même si c’était le cas, dans quelles proportions ?). Donc, si la Lancia Ypsilon vise les 35-50 ans, autant dire que c’est une génération qui n’a pas connu les années Lancia HF, et ne sait donc pas ce que cela signifie.

Mais comme Lancia est en pleine relance, il est compréhensible que, pour faire au plus simple d’un point de vue marketing et pour une nouvelle génération de clients, on utilise le label HF comme appui pour la communication.

À mon avis, cette Lancia Ypsilon HF n’est pas assez radicale pour mériter le label HF. Le badge HF serait plutôt l’équivalent d’un Quadrifoglio, voire d’un GTA chez Alfa Romeo. Ici, cette Lancia Ypsilon HF est une voiture qui mériterait davantage le label « Sport », comme le Veloce chez Alfa Romeo.

Une Lancia avec un moteur V6, comme chez Alfa Romeo ou Maserati, mériterait davantage le label HF. Ou même ce que fait Kimera (constructeur italien qui remet au goût du jour des Lancia 037) avec son moteur 4 cylindres poussé à 600 ch. Attention, HF ne signifie pas forcément des puissances extrêmes : les Delta HF Turbo et HF Intégrale développaient respectivement 140 ch et 200 ch. Mais on s’est bien rendu compte aujourd’hui qu’avec une voiture électrique, avoir beaucoup de puissance et un bon 0 à 100 km/h ne suffisent pas pour vraiment s’amuser au volant.

Et la Lancia Ypsilon HF-Line ?

Durant l’essai de la Lancia Ypsilon HF à Balocco, j’ai pu prendre en main une Lancia Ypsilon HF-Line et rouler avec autour du circuit pendant une petite heure. Au-delà du look sportif qui lui va bien, j’ai retrouvé les mêmes qualités routières que lors de mon essai de la Lancia Ypsilon à Milan. Avec ses 110 ch, la voiture n’est pas une grande sportive, mais elle reste polyvalente, c’est-à-dire à la fois dynamique et confortable. Il y a une réelle différence par rapport à l’Alfa Romeo Junior sur le plan du confort.

Pour quelqu’un qui cherche une voiture hybride polyvalente et à qui le look de la Lancia Ypsilon plaît, ce n’est pas une mauvaise option. Et si vous voulez une Lancia Ypsilon HF-Line avec une sonorité plus sportive, vous pouvez toujours lui installer un échappement Ragazzon. 

Conclusion : la HF-Line plus intéressante que la HF ?

Personnellement, j’avais de grandes attentes : autant le Junior Veloce m’avait positivement surpris, autant la Ypsilon HF ne l’a pas été autant. Je m’attendais à une voiture légèrement meilleure que la Junior Veloce. Pourtant, ce sont des performances globales similaires, voire en léger retrait par rapport au Junior Veloce, et un intérieur qui, à part les sièges baquets, et un logo HF sur le volant, n’est pas très sportif. Le seul avantage de la Lancia Ypsilon HF par rapport au Junior Veloce, en plus d’un meilleur confort sur route, c’est son autonomie de 370 km (WLTP), contre 322 km (WLTP) pour le Junior. À choisir entre les deux, c’est difficile : le Junior est plus performant, mais plus cher et avec moins d’autonomie ; la Ypsilon est moins chère, moins performante, mais offre plus d’autonomie. 

Cette Ypsilon HF est une bonne voiture pour une personne à la recherche d’une citadine électrique sportive, avec un compromis entre confort et performances, un design exotique et sportif, qui n’a que faire de l’histoire du label HF, et qui est prêt à mettre 42 000 € ! Mais si l’on parle uniquement des performances pures sur circuit, à choisir entre la Ypsilon HF et le Junior Veloce, c’est ce dernier qui l’emporte, alors que c’est un SUV.

Du coup, la version HF de 280 ch ne vaut peut-être pas son blason, ni son prix. Si la voiture vous plait, il vaudra peut-être mieux vous rabattre sur une HF-Line électrique de 156 ch ou hybride de 110 ch. Vous aurez le look HF et une voiture avec de bonnes qualités routières compatibles avec la vie de tous les jours, pour moins cher.