
Dans l’Utah, il y a des jours où les camions porte-voitures ressemblent à des coffres au trésor. Et chez ce collectionneur / YouTubeur que nos lecteurs connaissent déjà : celui de la Centenario cachée pendant 7 ans, et du garage souterrain rempli de V12, la dernière livraison ressemble à un épisode bonus : deux Lamborghini Countach LPI 800-4 déposées devant chez lui. Oui, deux. Sur 112 exemplaires au monde. Sauf que cette fois, avant le spectacle Lamborghini, un autre événement vole brièvement la vedette : la sortie d’une Maserati MC20 Cielo.
La Maserati qui doit s’écarter pour laisser passer les Countach
Pour libérer l’accès aux deux Countach, le transporteur commence par descendre une MC20 Cielo immatriculée MCPRIMA (on imagine que c’est une édition limitée PrimaSerie). Le cabriolet Maserati apparaît. Ce n’est pas sa voiture, mais impossible pour lui de rester indifférent.

Son regard se pose sur la Maserati, et le verdict est immédiat : il adore le design, surtout dans cette configuration cabriolet. Il insiste sur la couleur, sur la profondeur de la teinte, sur cet effet nacré qui explose au soleil. Les peintures Maserati ? « Un niveau au-dessus ». Il reconnaît aussi que ce n’est pas une vision courante dans l’Utah : la MC20 reste rare, presque exotique parmi les exotiques.



Mais le compliment s’accompagne d’un « mais » très révélateur. La MC20 Cielo, c’est un V6 bi-turbo, architecture proche de ce qu’on retrouve chez Ferrari sur la 296 : performant, rationnel. Et c’est là que quelque chose se perd pour lui. Pas assez théâtrale, pas ce côté suffisamment extrême qu’il associe à ses Lamborghini V12.
Deux Countach LPI 800-4 s’il vous plait
Dès que les deux Countach LPI 800-4 touchent le sol, tout devient limpide sur ses priorités. Deux exemplaires du modèle hommage à l’icône des années 70/80, limité à 112 unités, V12 atmosphérique 6,5 litres électrifié, plus de 800 ch envoyés aux quatre roues, performances de supercar moderne et ligne néo-rétro taillée pour casser les rétines.


L’une dans un or profond métallisé façon Oro Elios, l’autre en configuration plus claire, mais tout aussi spectaculaire. Il détaille les pigments dans la peinture, la présence sur la route, la signature lumineuse, la largeur hallucinante, les signatures à l’intérieur… On sent qu’on est dans son langage naturel : l’excès, la rareté, le côté « poster de chambre devenu réel ».

Ce même homme qui aligne déjà Centenario, Aventador, Murciélago, Countach classique, Revuelto et autres V12 dans son garage souterrain ne laisse aucun doute : s’il devait « craquer », ce serait toujours pour ce genre de supercar, pas pour une supercar V6, aussi réussie soit-elle.

Ce que cela raconte de Maserati
Et pourtant, cette séquence est très intéressante pour Maserati. Sans chercher à lui vendre quoi que ce soit, la MC20 Cielo obtient de sa part exactement ce que la marque de Modène recherche aux États-Unis :
- un respect sincère pour le design : lignes fluides, proportions pures, vraie personnalité face aux concurrentes ;
- une admiration pour les couleurs et finitions : il insiste sur le niveau des peintures Maserati, ce qui n’est pas anodin dans l’univers du luxe où la personnalisation est essentielle ;
- une présence remarquée : dans un camion rempli d’autres supercars, la MC20 Cielo n’est pas ridicule. Elle intrigue, elle séduit.
Mais son commentaire sur le V6 bi-turbo met le doigt sur le problème stratégique : pour un public nourri aux V8, V10 et V12 très bruyants, et aux hypercars « poster », la MC20 reste parfois perçue comme une supercar rationnelle dans un monde où l’irrationnel fait vendre. Le design est au niveau, certains diront même au-dessus de certaines Lamborghini ou Ferrari, mais il manque ce petit supplément surprenant qui déclenche l’achat émotionnel chez ce type de collectionneur. En tout cas, félicitation au nouveau propriétaire de cette Maserati MC20 Cielo dans l’Utah !

Visiblement il faut réintroduire le V12 aux USA. Mais cette Maserati démontre être adressée à une autre cible que le collectionneur habitant dans une banlieue sans âme, amateur de tape à l’œil (cette couleur « or », ce diffuseur mon dieu, bon je n’ai jamais été fan de Gandini non plus). La Maserati avec son design pur, fluide – seulement enlaidi par les catadioptres obligatoires aux USA et la plaque « Utah » – ne sera jamais démodée. Un grand merci pour Klaus Busse pour ce design intemporel.