
À Termoli, dans le Molise, la tension est montée d’un cran. Ce qui n’était au départ qu’un malaise diffus est devenu une colère ouverte. Le 29 novembre, plus de mille personnes ont défilé dans les rues de la ville pour défendre l’avenir de l’usine moteurs de Stellantis et, plus largement, celui de toute une région qui dépend de ce site historique depuis des décennies. Ouvriers, élus locaux, familles, syndicats : c’est tout un territoire qui s’est mobilisé pour refuser une lente mise à mort industrielle. Derrière les banderoles, les slogans et les prises de parole, une même inquiétude : Termoli est en train de perdre ses promesses. Et peut-être son futur.
Le rêve de la gigafactory s’éloigne
Il y a encore peu, Termoli devait devenir l’un des symboles de la reconversion industrielle italienne vers l’électrique, grâce à une méga-usine de batteries portée par Automotive Cells Company, la coentreprise entre Stellantis, TotalEnergies et Mercedes-Benz. Un projet présenté comme stratégique, capable d’assurer des milliers d’emplois et de donner un nouvel élan au site. Mais au fil des mois, les reports se sont accumulés. Et mi-novembre, une information révélée par la presse italienne a fait l’effet d’un coup de massue : ACC serait sur le point de renoncer définitivement à la gigafactory de Termoli. En cause, de lourdes difficultés techniques, des fragilités financières, une stratégie industrielle de plus en plus floue et surtout des performances décevantes du site pilote de Douvrin, en France.
L’usine française, pourtant opérationnelle depuis 2024, afficherait des taux de rebut de 15 à 20 %, une production limitée à environ 15 000 à 20 000 packs de batteries sur la fin de l’année 2025, et des coûts supérieurs de plus de 20 % à ceux des fabricants asiatiques. Un modèle devenu difficilement défendable. Pendant ce temps, l’Espagne accélère. À Saragosse, Stellantis a déjà scellé un partenariat avec CATL pour produire des batteries LFP, moins chères, plus simples et plus robustes que les NMC utilisées par ACC. L’investissement dépasse les 4 milliards d’euros, les premiers travaux ont été lancés, et 2000 ouvriers chinois sont attendus pour la construction. À Termoli, la sensation d’abandon est totale.
« Ici, les moteurs ont toujours été bien faits »
Le 29 novembre, la manifestation a cristallisé ce sentiment d’injustice. Derrière les drapeaux syndicaux, les mots étaient durs. Très durs. « Nous ne sommes pas contre la transition écologique », ont martelé les représentants syndicaux. « Mais pas à n’importe quel prix. Pas en sacrifiant des milliers d’emplois. Pas en laissant mourir des territoires entiers. »
Puis un message plus frontal encore, qui a marqué les esprits : « La transition passera par l’hybride pendant encore quinze ans. Et ces moteurs doivent être fabriqués à Termoli. […] Les moteurs fabriqués ici ont toujours été de bonne qualité, contrairement aux moteurs français qui se révèlent peu fiables. » Une phrase révélatrice d’un profond ressentiment. Derrière elle, l’impression que l’Italie paie les erreurs industrielles d’autres pays, pendant qu’on lui retire progressivement ses outils de production. À Termoli, plus de 1 800 familles dépendent directement du site. Et toute l’économie locale en dépend indirectement. L’usine n’est pas qu’un employeur : c’est l’ossature même de la ville. Un discours sur la fiabilité que nous avons aussi entendue récemment à l’occasion de la présentation de la Fiat 500 hybride où il a été annoncé, fièrement, un taux de problème inférieur à 0,3 % pour le moteur Firefly.

Une usine vidée de sa substance
Sur le terrain, les signaux sont alarmants depuis longtemps. La chaîne du mythique moteur FIRE 16V a déjà été démantelée. Les moteurs GSE (FireFly), pourtant encore utilisés, tournent largement en dessous de leur capacité. Le moteur GME 2.0 turbo semble promis à une relocalisation partielle vers les États-Unis. Quant au projet eDCT, bien que confirmé pour 2026, il ne concernerait qu’environ 300 emplois, loin de compenser la perte d’une véritable activité industrielle d’envergure. Pour les syndicats, la stratégie de Stellantis a manqué de cohérence. La décision de vouloir abandonner les moteurs thermiques dès 2030, soit cinq ans avant l’échéance européenne, est jugée « catastrophique ». Un virage trop brutal, mal anticipé, qui aurait privé des sites comme Termoli de toute vision claire.
Vous avez fait une erreur dans votre article : l’usine de batterie CATL de Saragosse en Espagne n’emploira pas de salariés espagnols. Il a été révélé recemment que CATL emploira exclusivement des ouvriers chinois sur les 2000 emplois prévus et qu’il n’y aura aucun transfert de technologies….
Bonjour je ne fais pas d’erreur puisque je suis un des seuls en avoir parlé… sur italpassion ! Ce sont des ouvriers chinois qui vont participer à la construction de l’usine puis qui vont former des espagnols pour faire fonctionner l’usine une fois construite. Aucun transfert de technologie alors que cette usine est détenue par Stellantis et CATL, et que des ouvriers seront formés ? j’en doute un peu. Oui la r&d des batteries ne sera pas en Espagne, mais il y aura tout de même beaucoup à apprendre sur la production.
« Les moteurs fabriqués ici ont toujours été de bonne qualité, contrairement aux moteurs français qui se révèlent peu fiables. »
Tout est dit avec cette phrase des employés de Termoli.
Avoir installé le moteur PureTech dans des Fiat, Alfa Romeo, Lancia, au lieu du Firefly est un scandale. Il est temps de revenir sur les erreurs de Tavares, au lieu de tout détruire, l’emploi en Italie et la réputation des marques italiennes.
@Stanislas: Sie haben 100% Recht, mehr muss man dazu nicht sagen!
Ein italienisches Auto braucht ein italienisches Herz!
Je trouve qu’ils ont absolument raison.
Ca a porté atteinte à tous les marques / modèles du groupe. On lit régulièrement dans les médias que le groupe Stellantis a de mauvais moteurs, alors que ça ne concerne que les moteurs d’origine Peugeot, pas les Firefly, les 2.0 ou les Multije d’origine Fiat
J’ ai toujours eu des voitures italiennes alfa Romeo et Fiat et je confirme que les moteurs italiens ont toujours été d’une très bonne qualité. Ils ont en plus une personnalité unique. J’ apprécié encore le moteur faire 1.4 de ma Bravo 2 T.JET qui a 17 ans et n’ a jamais connu une seule panne de quelque nature que ce soi
Bravo , les ouvriers italiens ont raison , c’est une erreur stratégique de Tavares de ne pas avoir gardé les moteurs Firefly sur les marques Fca , Fiat , Alfa , Lancia et Jeep alors qu’ils sont beaucoup plus fiables que le Puretech.
Vous avez 100% raison, c’est scandaleux de détruire l’image de fiat, parce que les français ont faits de la merde avec leur moteur puretech
Ce n’est pas seulement tavares qui est responsables de cette situation. Mais Elkann qui n’a aucune visibilité ni stratégie industrielle