
Quand elle apparait en 1974, la Lancia Stratos est une révolution. Préfigurée par le concept Stratos Zero de Bertone quelques années plus tôt, la Stratos a été pensée pour la course et n’est pas une berline de route par la suite préparée pour la course. Sa conception a été faite pour optimiser les interventions des mécaniciens, la ligne taillée à la serpe est très basse et aérodynamique avec son fameux vitrage “visière”, et c’est sans compter sur son âme : un V6 2.4 litres, monté en position centrale arrière, qui n’est autre que le moteur issu de la Ferrari Dino, que Enzo Ferrari, après moult palabres et négociations, a bien voulu fournir à Lancia.
La Stratos domine son sujet entre 1975 et 1978, remportant plusieurs titres mondiaux et de nombreux titres nationaux. Par la suite, FIAT donne la priorité à la 131 Abarth pour le WRC, ce qui relègue la Stratos au championnat d’Europe. N’empêche, elle réalise encore quelques coups d’éclat mémorables, à l’image de Bernard Darniche qui remporte le tour de Corse 1981.

Sur circuit aussi
La Stratos a également été développée pour la catégorie “Silhouette” du Groupe 5 sur circuit, mais il n’était plus question d’un V6 Dino, puisque la Stratos Gr.5 Fiat-Abarth utilisait un moteur Abarth 4 cylindres en ligne de 1 429 cm³, gavé par un Turbo KKK. Mais comme souvent, les bolides de rallye de cette époque connaissent une “seconde jeunesse” en rallycross.

Une Lancia 3.0L V6 unique au monde
Et figurez-vous qu’il a existé une Stratos unique avec un moteur porté à environ 3,0 litres : c’est une préparation expérimentale utilisée en rallycross, liée aux équipes d’Andy Bentza et Franz Wurz, le père d’Alexander Wurz. Fils d’un pilote ayant fait ses armes sur BMW 328 dans les années 1950, il a été le premier double Champion d’Europe de rallycross, en 1974 et 1976 (sur Lancia Stratos HF 2.4). Pour la saison 1977 du championnat d’Europe de rallycross, Mike Parkes, pilote et ingénieur qui avait travaillé sur le prototype de la Stratos, a fourni une culasse 24 soupapes et un vilebrequin spécial qui ont porté la cylindrée à juste en-dessous de 3 000 cm³.

Adaptée au rallycross et championne !
Ils ont fabriqué des pistons d’un diamètre supérieur et effectué d’autres modifications d’usinage. Le moteur développait dans les 320 ch. Comme en rallycross la voiture n’était pas censée rouler sur route, l’échappement était libre, donc il n’y avait pas de silencieux, ni de pot d’échappement. La voiture a été adaptée aussi aux contraintes du rallycross : pour augmenter le débattement, le point de fixation de l’amortisseur arrière a été déplacé plus haut.

Bentza reprit la Stratos de Wurz, vendit sa propre Stratos 2,4 L 12V et remporta le titre de la catégorie GT de l’ERC en 1978 avec cette Stratos 3 litres unique au monde, qui a été pilotée par Bentza jusqu’à fin 1983. Bentza l’a gardée jusqu’aux années 1980 puis l’a finalement vendue à Alexander Wurz. Depuis, elle a été restaurée et remise dans ses spécifications d’origine ainsi que sa livrée rallycross historique, afin de participer à des évènements comme Goodwood et Rallylegend.
