
Le métier de vendeur Lamborghini fait rêver. Entre supercars italiennes à plusieurs centaines de milliers d’euros, clients fortunés et commissions supposées astronomiques, l’imaginaire collectif voit souvent ces commerciaux comme des millionnaires en costume sur mesure. Mais la réalité est bien plus nuancée.
Ed Bolian, ancien vendeur Lamborghini devenu entrepreneur et figure bien connue du monde automobile, a récemment levé le voile sur ce que gagne réellement un vendeur de la marque au taureau.
Ed Bolian est un ancien vendeur Lamborghini

Ed Bolian entre chez Lamborghini à une période compliquée. Nous sommes à la fin des années 2000, en pleine crise financière. À cette époque, vendre des voitures, et encore plus des voitures exotiques, est loin d’être facile. Beaucoup de bons vendeurs ont quitté le secteur pour des métiers plus lucratifs, notamment dans le crédit immobilier.
Résultat : les concessions cherchent avant tout des profils capables d’expliquer la réalité économique d’une Lamborghini à des clients de plus en plus prudents. Finie l’époque où tout se vendait instantanément. Il faut convaincre, négocier, rassurer, et surtout expliquer le vrai coût de possession d’une supercar italienne. C’est précisément ce que Ed Bolian aime : construire un deal, comprendre le client et l’accompagner dans une décision lourde financièrement.
La commission : bien loin des idées reçues
Contrairement à ce que beaucoup imaginent, un vendeur Lamborghini ne touche pas un pourcentage du prix total de la voiture. Chez Lamborghini, le système est basé sur la marge réalisée par la concession. Dans le cas d’Ed Bolian, la commission représente 25 % du bénéfice brut généré sur la vente. Or, sur une Lamborghini, la marge brute moyenne se situe entre 6 et 8 %. Une fois tous les frais déduits, une concession de voitures exotiques fonctionne souvent avec une marge nette de seulement 1 à 3 %.
Autrement dit, malgré des montants de vente très élevés, la rentabilité réelle reste fragile. Certaines années, les concessions peuvent même perdre plusieurs dizaines de milliers de dollars sur une seule voiture lorsque le marché se retourne brutalement. Et en plus, pour éviter les excès, les commissions sont plafonnées. Dans le cas d’Ed Bolian, le maximum était de 4 000 dollars par voiture.
Combien gagne réellement un vendeur Lamborghini ?
Ed Bolian vendait en moyenne entre 8 et 15 Lamborghini par mois. Tous les mois ne sont évidemment pas équivalents, et les commissions maximales restent rares. Son meilleur mois lui a rapporté environ 50 000 dollars. Son meilleur exercice annuel avoisinait les 350 000 dollars. Un chiffre impressionnant, mais loin des fantasmes de millions par an souvent associés au monde des supercars.
À l’époque, avant 2015, il explique ne connaître quasiment personne gagnant davantage que lui dans la vente de voitures exotiques, hors courtiers indépendants réalisant quelques opérations exceptionnelles. Pour Ed Bolian, ce niveau de revenus représentait déjà bien plus que ce qu’il avait imaginé possible en début de carrière.

Qui achète vraiment des Lamborghini ?
Contrairement aux clichés, les acheteurs ne sont pas uniquement des milliardaires extravagants. La majorité des clients sont des chefs de petites ou moyennes entreprises, souvent passionnés depuis l’enfance par les Lamborghini, mais pas toujours pleinement conscients de ce que leur achat implique financièrement.
Bolian l’a d’ailleurs déjà affirmé par le passé : selon lui, une grande partie des clients Lamborghini sont jeunes, plus séduits par l’image plus que par la réalité économique. Beaucoup financent leur voiture, ce qui facilite les reventes régulières et les montées en gamme. Pour un vendeur, expliquer le financement est aussi important que de vendre la voiture elle-même. Quelques centaines de dollars de plus par mois sont souvent plus faciles à accepter qu’un énorme chèque immédiat.
Un métier de passion avant tout
Ed Bolian rappelle aussi que les vendeurs Lamborghini ne roulent pas forcément en Lamborghini. Pendant longtemps, lui-même conduisait une vieille Mercedes et cherchait surtout des opportunités sur des véhicules très décotés, parfois en mauvais état, qu’il pouvait remettre en route avec des financements serrés. Oui, un vendeur Lamborghini peut très bien gagner sa vie. Mais non, il ne devient pas automatiquement millionnaire. Derrière le rêve, il y a surtout beaucoup de travail, de stress… et une vraie passion pour l’automobile.
