
Il y a des moteurs qu’on démonte par curiosité, et d’autres qu’on démonte parce qu’ils ressemblent à une scène de crime. Celui-ci appartient clairement à la deuxième catégorie. Sur l’établi d’Eric, de la chaîne YouTube I Do Cars, on ne trouve pas un moteur ordinaire, mais le 5.2 litres V10 de la Lamborghini Huracán Performante, annoncé à 630 ch. Un moteur exotique, cher, rare… et surtout “très, très endommagé”. Le détail qui fait immédiatement grimacer : moins de 20 000 miles (32 000 km) au compteur, et une fin brutale “quelque part autour de 7 000 tr/min”. Il a littéralement explosé.
De la limaille là où il ne devrait jamais y en avoir
Avant même d’attaquer le démontage, le V10 Lamborghini complique la vie. D’habitude, Eric fixe les moteurs sur son support via la cloche d’embrayage. Sauf qu’ici, côté transmission… se trouve la distribution. La chaîne est à l’arrière. Il doit improviser.

Une fois le moteur enfin en place, il découvre dans l’admission des morceaux de métal, comme si le moteur avait recraché une partie de lui-même jusque dans le collecteur. Et quand vient l’étape des bougies, ça ne s’arrange pas : l’une manque complètement, une autre refuse de sortir malgré le fait qu’elle tourne “comme si elle était libre”.

Quand le plénum d’admission tombe, on aperçoit d’abord ce qu’on vient chercher sur une Lamborghini : des conduits travaillés, lissés, presque “sculptés”. Eric compare même le niveau de finition à celui d’autres moteurs hautes performances qu’il connaît bien.

Il y a de l’huile au-dessus des soupapes, et surtout une soupape est tout simplement détruite : il manque une partie, et la zone correspondante ressemble à une mâchoire qui aurait perdu des dents. D’un coup, l’énigme de la bougie coincée devient logique : si une soupape a lâché et si des morceaux sont descendus dans le cylindre, tout a pu se mettre en travers, se souder, se coincer. C’est un moteur qui a avalé ses propres organes.

La distribution : un liquide inquiétant
Eric retire les couvercles de distribution et révèle un système aussi complexe que ce qu’on imagine sur un V10 de supercar : plusieurs chaînes, des tendeurs, des rails, un empilement d’organes où tout semble pensé pour la précision. Jusqu’à ce moment où l’huile qui s’écoule a une mauvaise couleur. Ce cocktail n’annonce jamais rien de bon : soit le moteur a souffert d’un problème de refroidissement, soit il a subi une rupture interne qui a mélangé les circuits, soit la casse a ouvert un passage là où il n’en existait pas.


Quand la culasse se lève…
À l’ouverture de la première culasse, on voit des impacts sur un piston, une usure dans un cylindre, et surtout un piston qui paraît “tourné” d’environ 15 degrés. Et de l’autre côté : soupapes cassées, pièces manquantes, dégâts sur un piston qui a fini par avoir un trou complet.



Puis une chambre de combustion si martelée par les débris qu’Eric dit ne pas se souvenir d’en avoir vu une dans cet état. Et deux soupapes ont disparu. Et si ces soupapes d’échappement avaient “réussi” à sortir par leurs propres conduits ?




Deux scénario, une seule explosion
À la fin, Eric voit au moins deux défaillances, mais il ne parvient pas à expliquer clairement le lien. Le premier scénario : un ou deux injecteurs bloqués ouverts. Il évoque aussi une autre piste : un sur-régime. Cela pourrait casser des bielles, et éventuellement déclencher une cascade qui finit en soupapes explosées. Mais comment faire un sur-régime si important sur une Huracán équipée d’une boîte robotisée, censée éviter ce genre de scénario ?
Au final, voici à quoi ressemble un moteur Lamborghini V10 qui explose à 7 000 tr/min : un assemblage d’ingénierie magnifique… ramené à l’état de puzzle métallique par une défaillance qui, même après plus d’une heure de démontage, garde sa part d’ombre.
