
On a déjà vu des sorties de grange incroyables, ces voitures oubliées pendant des décennies, mais ce qui est arrivé à cette Lamborghini Miura S de 1970 relève de l’histoire automobile improbable : elle a passé quatre décennies… dans le salon de son propriétaire. Et pour la récupérer, il a fallu… abattre un mur.
Une supercar mythique figée dans le temps
Produite à seulement 338 exemplaires dans cette version S entre 1969 et 1972, la Lamborghini Miura S est déjà un graal pour collectionneurs. Considérée comme la première supercar moderne, elle embarque un V12 3,9 litres atmosphérique en position centrale arrière, développant 370 ch et 387 Nm. De quoi propulser l’icône italienne à 285 km/h à l’époque, un record pour une voiture de route.

Cet exemplaire, sorti de l’usine de Sant’Agata Bolognese en juillet 1970, portait encore sa peinture d’origine Luci di Bosco, son intérieur jamais restauré et, détail capital, un moteur « numbers matching », c’est-à-dire dont le numéro correspond à celui du châssis.

De la route… au salon
L’histoire commence il y a 40 ans. Paul, son propriétaire, décide de rentrer sa Miura par la porte du garage… puis reconstruit un mur devant elle. Résultat : la voiture se retrouve intégrée à la maison, à l’abri des intempéries et dans un environnement tempéré. Une préservation idéale pour la mécanique et la carrosserie… mais aussi un obstacle majeur le jour où il décide enfin de la vendre.

Lorsque l’expert en detailing Larry Kosilla et le courtier automobile Barrett découvrent la voiture, elle est recouverte d’une bâche, entourée de documentation d’époque : catalogue de pièces, manuel d’origine, historique complet. Seul bémol : quelques traces laissées par des rongeurs sur le siège passager.
Mission extraction : abattre le mur
Pour sortir la Miura, pas de grue ni d’hélicoptère : il faut abattre la cloison séparant le salon du garage. Avant cela, toutes les autres voitures stockées dans le garage sont déplacées avec précaution. Puis, à coups de marteau, l’ouverture est recréée.

Moment magique : après 40 ans d’ombre, la Miura voit de nouveau la lumière du jour. Larry confie que c’est l’une des extractions les plus difficiles de sa carrière, mais aussi l’une des plus mémorables.

La voiture, restée dans un état remarquablement original, n’a volontairement pas été restaurée pour préserver sa valeur. Ce type de pièce unique attire les plus grands collectionneurs… et même Lamborghini elle-même pourrait vouloir la racheter.
Pour donner un ordre d’idée, un exemplaire similaire a été adjugé 2,04 millions de dollars à Pebble Beach en 2024. Le prix auquel Paul a cédé sa Miura reste secret, mais nul doute que cette opération a coûté cher, à la fois pour le mur et pour la voiture.