
À première vue, les résultats du troisième trimestre 2025 pourraient laisser penser que Lamborghini ralentit. Les livraisons sont en léger recul, le chiffre d’affaires fléchit d’un petit pourcent et le bénéfice opérationnel est inférieur à celui de 2024. Mais comme souvent avec la marque de Sant’Agata Bolognese, la réalité est bien plus intéressante que les apparences.
Baisse logique dans une année de transition
Entre janvier et septembre 2025, Lamborghini a livré 8 140 voitures à ses clients dans le monde, soit une baisse modeste de 3,2 % par rapport à la même période de 2024 (8 411 unités). Une diminution ? Oui, mais à relativiser : la production de la Huracán a pris fin, et sa remplaçante, la Temerario, n’a pas encore débuté ses livraisons. Autrement dit, Lamborghini a généré presque le même volume global avec deux modèles au lieu de trois.
Historiquement, la Huracán représentait environ 3 000 livraisons par an. En 2025, seules 633 unités ont été livrées, essentiellement les derniers exemplaires produits avant la transition vers la Temerario.
Malgré cela, la marque italienne reste dans des volumes proches de ses records. C’est dire la force du duo Urus + Revuelto.
Le tandem Urus / Revuelto porte la marque

Alors que la plupart des constructeurs subissent les effets du ralentissement mondial et des tensions douanières américaines, Lamborghini affiche une résistance impressionnante. Le SUV Urus continue sa progression, avec 5 995 livraisons sur neuf mois, en hausse de 31,9 % par rapport à 2024. Sa nouvelle version hybride rechargeable Urus SE séduit autant les clients européens que ceux des États-Unis, malgré une politique de livraison plus prudente de l’autre côté de l’Atlantique.
La Revuelto, première supercar hybride rechargeable de la marque, poursuit son ascension. Après 1 016 exemplaires livrés au premier semestre, elle atteint 1 512 unités à la fin du troisième trimestre, soit une hausse spectaculaire de 72 % sur un an. Oui, cela fait environ 500 Lamborghini Revuleto à plus de 500 00 euros l’unité, en un trimestre ! Les carnets de commandes sont d’ailleurs pleins jusqu’en 2027, confirmant que la Revuelto s’impose déjà comme un pilier de la nouvelle ère électrifiée de Lamborghini.
Des finances solides malgré un léger repli
Côté finances, Lamborghini affiche un chiffre d’affaires de 2,409 milliards d’euros, quasi stable par rapport à 2024 (2,434 milliards). Le résultat opérationnel s’établit à 592 millions d’euros, en recul par rapport aux 678 millions de l’an dernier, mais avec une marge toujours exceptionnelle de 24,6 %. Peu de constructeurs, même dans le segment du luxe, peuvent se targuer d’une telle rentabilité (même dans le même groupe Automobile).
Cette légère baisse de rentabilité s’explique par deux éléments :
- des dépenses d’investissement liées à la future plateforme électrifiée,
- et des taux de change défavorables, conjugués aux droits de douane américains.
Pour Stephan Winkelmann, PDG de Lamborghini, ces chiffres confirment « la solidité du modèle industriel » et « la cohérence de la stratégie de transition vers une gamme 100 % hybride ».
L’Europe en tête, la Chine en recul
Avec 40 % des livraisons, l’Europe reste le premier marché de Lamborghini. Les États-Unis suivent avec 27 %, toujours fortement exposés aux décisions politiques locales. La Chine, en revanche, poursuit son repli, passant de 5 % à 4 % du total mondial. Un contraste frappant avec les années où elle représentait près de 10 % des ventes.

Une fausse baisse, de vrais records en perspective
En résumé, cette baisse de 3 % des livraisons cache une performance remarquable. Lamborghini vend presque autant de voitures qu’en 2024, mais sans la Huracán, un modèle qui représentait auparavant un tiers des volumes. Avec le lancement imminent de la Temerario, qui suscite déjà un engouement exceptionnel, Lamborghini pourrait dépasser les 10 000 livraisons dès l’an prochain à la même période, et signer une nouvelle année record. De quoi confirmer que, chez Lamborghini, même les baisses sont synonymes de succès.