
Dans le monde du tuning/restomod, il y a deux écoles : celle qui considère que tout est permis, et celle qui considère que le passé se respecte ! Selon le point de vue, une Ferrari avec un moteur Honda est perçue soit comme géniale, soit comme un sacrilège.
La Ferrari 308 : première des berlinettes V8
Peu importe que la construction ait pris plus de deux ans ou que le produit fini soit magnifique, cette 308 profondément modifiée a été construite par Mike Burroughs de StanceWorks, un préparateur reconnu du milieu, afin de l’engager dans le World Time Attack Challenge Australia.

Mike a jeté son dévolu sur une Ferrari 308 GTBi jaune de 1981, qu’il jugeait « sous-motorisée, trop lourde et trop chère », et s’est attaché à la rendre plus légère et plus rapide. L’objectif était de construire une Ferrari Time Attack. Originaires du Japon, ces épreuves sont des compétitions de tours rapides, ou de « hotlaps » comme on dit dans le jargon des jeux de course.
Ce qui devait arriver arriva : adieu le V8 2.9 litres de Maranello et place au “swap”, le fameux remplacement de moteur ! À partir d’un moteur Honda K24 turbocompressé, Mike a fabriqué de nombreuses pièces de la Ferrari, notamment les conduites d’huile pour le carter sec et les systèmes de refroidissement.
8 ou 4 cylindres ?
Outre la suspension, la carrosserie et le châssis sur mesure, le cœur de la voiture est donc désormais un moteur Honda K24 de 2,4 litres. Certes, on passe de 8 à 4 cylindres, mais on gagne en possibilité de gain de puissance et surtout en poids. La suralimentation provient d’un turbo Garrett G42-1000 et fonctionne sous le contrôle d’un système Haltech Nexus R5, avec un retour d’information sur un tableau de bord. Une boîte séquentielle compétition Quaife à 5 rapports est utilisée. Enfin, la voiture est freinée par des freins AP Racing Pro 5000R.

Le V8 2,9 litres à 90° d’origine, le F106AB, développait 255 ch à 7 700 tr/min avec ses quatre carburateurs double-corps Weber, mais lorsque Ferrari a remplacé les carburateurs Weber par l’injection avec la GTBi en 1980, pour se conformer aux normes antipollutions américaines, la puissance est tombée à seulement 214 ch. À première vue, remplacer le V8 par un moteur Honda K24 de 2,4 litres, issus d’une Acura TSX, donné pour 205 CV, a-t-il du sens ?

Sauf que la transformation du moteur japonais est bien plus facile tandis que le coût de développement du moteur d’origine italien est absolument absurde. Il y a la question du poids aussi : supprimer quatre cylindres signifie évidemment un véhicule plus léger. N’oubliez pas non plus de prendre en compte la fiabilité, l’accessibilité des accessoires et, bien sûr, le prix. Les produits forgés et les composants turbo coûtent de l’argent, c’est sûr, mais lorsque le prix de départ de votre moteur est de seulement 700 $, vous avez de l’argent restant avec lequel jouer.
Puissance multipliée par 4,5 !
En mode faible suralimentation, le moteur est annoncé pour 640 chevaux aux roues arrière, mais il est prévu de pousser à 1000 chevaux. Le châssis cependant a eu du mal à s’accommoder d’une telle puissance. Il va sans dire qu’il s’agit d’une voiture d’une qualité exceptionnelle, que même le plus fervent amateur de Ferrari reconnaîtrait à contrecœur comme impressionnante.


La Ferrari 308 GTB à moteur Honda affiche une allure résolument affirmée avec son kit carrosserie fourni par un autre nom bien connu du tuning, à savoir Liberty Walk. La 308 ressemble aux monstres bodybuildés de la classe IMSA GTO de la fin des années 80, comme l’Audi 90 Quattro, avec ses ailes élargies, sa large prise d’air avant, ses jupes latérales et son aileron arrière imposant. Pesant 1180 kg, elle est équipée d’une cage de protection complète et d’équipements de sécurité, sans oublier évidemment des pneus plus costauds que ceux d’origine, qui ne supporteraient pas la puissance supplémentaire.



Quelques déboires…
Évidemment, la première compétition fut celle où on essuie les plâtres. La voiture, officiellement appelée Ferrari 244 GTK, a été engagée dans la catégorie Open Turbocharged du World Time Attack Challenge 2023 et a terminé assez loin des meilleures. À son retour aux États-Unis, Burroughs a emmené la Ferrari à la finale du Global Time Attack à Buttonwillow Raceway Park en Californie. Si le shakedown s’est déroulé sans encombre, la première journée de compétition s’est mal terminée. Lors d’un tour de piste, le moteur a décidé de faire tomber une bielle à travers le carter d’huile en aluminium, détruisant par la même occasion d’autres pièces coûteuses. Aie, la Ferrari aurait-elle décidé de punir Burroughs pour son swap ?

Cette 244 GTK refait parler d’elle. Un nouveau partenariat avec Falken a permis de remettre en lice cette « Ferronda », et une nouvelle livrée a déjà été dévoilée. Elle a participé à des évènements de Time Attack aux USA dont le « Gridlife ». Nous suivons de près le prochain projet de Stanceworks, une « F40 EVO » qui promet de faire parler la poudre.
