
La passion peut mener très loin dans la réalisation de projets uniques en leur genre. Ce que nous dévoilons dans le présent article est le fruit de 10 ans de travail et transpire une passion incandescente dans chaque détail, au croisement de la technique et du goût de l’Histoire. Javier Reyna, fondateur de Reyna Performance Machines, basé à Bakersfield en Californie, ne s’en cache pas : il estime, par l’ancienneté de son projet, avoir créé la véritable F40 EVO. La F40 de Stanceworks est ainsi prévenue !
Le déclic lors d’un voyage en Italie
Quelles sont les origines de ce projet fou ? Javier nous a expliqué que, passionné de courses moto et de Valentino Rossi, il s’est rendu une année en Italie avec des amis pour aller voir le grand prix de Misano. Avec sa Fiat de location, il s’est ensuite rendu à Maranello, a testé une F430 puis est vraiment tombé amoureux de la F40. De retour aux USA, il s’est mis en tête d’acquérir une Ferrari et a trouvé à un prix “raisonnable” une F355 qui offrait un excellent rapport performances/prix. Toujours captivé par le F40, il s’est alors mis en tête d’en réaliser une, sur la base de sa 355. Diplôme en génie mécanique, il s’est ainsi lancé dans ce défi de longue haleine et a cherché dans un premier temps à se procurer des panneaux F40 LM de dimensions identiques à l’original.
La fusion F355/F40LM
Cette F40 EVO repose donc sur un châssis, une boite et un moteur de Ferrari F355, un V8 à 90° qui était le premier moteur Ferrari à utiliser 5 soupapes par cylindres. Le tout est recouvert par une carrosserie inspirée de la F40 LM, la version compétition de la F40 qui fut développée par Michelotto en 1988 (et qui, pour l’anecdote, débuta à Laguna Seca en 1989 avec Jean Alesi). Javier Reyna a incorporé autant de composants d’origine F40 que possible, comme le pare-brise, les montants A, les loquets de porte, les phares, les feux arrière, puis a reproduit le kit LM spécifique avec un séparateur en fibre de carbone, les diffuseurs arrière et l’aileron arrière réglable, les phares plexiglas qui ont remplacé les phares escamotables et des conduits NACA supplémentaires pour accroître le refroidissement.



La conception a également été pensée pour créer des effets de style, notamment en conditions nocturnes. Par exemple, le support de becquet central arrière est orné d’un Cavallino découpé au laser et encastré dans un Cavallino rampante en aluminium poli. Le support acrylique sert également un troisième feu stop fonctionnel. La nuit, en freinant, la silhouette du Cavallino Rampante apparaît puis disparait en relâchant les freins.
Un V8 Biturbo stylé !
Le moteur 3,5 litres a reçu des modifications techniques importantes. Atmosphérique à la base, il est passé à la turbocompression, comme sur la F40. La conception ici reçoit quatre soupapes de décharge, pour un système biturbo à double entrée, ce qui réduit considérablement le temps de réponse. Les turbos sont alimentés par un système de lubrification et de refroidissement indépendant, ce qui me permet d’utiliser une huile moteur de très haute qualité. L’échappement complet est en acier inoxydable poli.


Pour faciliter la maintenance, le berceau moteur arrière a été modifié et peut se séparer et se retirer facilement par l’arrière, à l’instar de la Ferrari F50, permettant ainsi un accès aisé aux courroies de distribution, aux poulies et à la pompe à eau. Les tests mécaniques sont encore en cours, mais on peut tabler sur une puissance de 800 ch.
Les boucliers Turbo Heat sont ornés d’un Cavallino Rampante découpé au laser dans l’acier inoxydable. Sous une pression de suralimentation faible, les étalons noirs sont visibles sur les turbos, mais sous une pression de suralimentation élevée, lorsque les turbos deviennent chauds, le Cavallino Rampante se transformer en un rouge ardent. Incroyable !

L’esprit de Baracca
Vu comme cela, le travail est déjà très impressionnant. Mais ce n’est pas tout ! Ce qui fait de cette F40 EVO une pièce vraiment unique, c’est que Javier Reyna a voulu en faire une évocation des fondements historiques de Ferrari. Et là, il faut scruter l’intérieur de la bête, pour y trouver une personnalisation vraiment inimitable.

L’intérieur puise son inspiration dans l’aviation, afin de rendre hommage aux origines spirituelles de Ferrari. En effet, l’atmosphère s’inspire des cockpits des avions de chasse, évoquant ainsi l’as italien de la Première Guerre Mondiale, Francesco Baracca, dont l’avion était orné, sur son fuselage, par un Cavallino Rampante, en référence à l’unité de cavalerie dont il avait fait partie avant la guerre. L’histoire raconte ensuite que les parents de Baracca, abattu pendant le conflit, rencontrèrent Enzo Ferrari au début des années 20, après une victoire, quand celui-ci était pilote Alfa Romeo, et lui proposèrent, en hommage à la mémoire de leur fils et comme porte-bonheur, de reprendre le blason du cheval cabré sur ses voitures. Nec plus ultra, la clé de démarrage de la voiture a été remodelée en forme d’interrupteur aviation, avec le cheval cabré noir dessus.



La F40 EVO reçoit ainsi des panneaux de commande et des commutateurs dignes d’un cockpit d’avion de chasse, plutôt typé Seconde Guerre mondiale, le tout fait maison et avec un effet usé et vintage, pour lui donner un aspect vivant et “vécu”. Autre détail original et historique, une lire italienne a été intégrée au commutateur de répartition du freinage, représentant un aurige guidant un “quadrige”, un char tiré par quatre étalons, utilisé lors des courses du Circus Maximus. L’étalon de tête ressemble au Cavallino Rampante, peint en noir, comme sur le fuselage de l’avion de Baracca. Une silhouette de l’avion de Francesco Baracca se retrouve aussi dans le design du compartiment moteur. Les refroidisseurs intermédiaires constituent les ailes et la section d’échappement centrale évoque la dérive arrière de l’avion. Bien vu !

Passionnément Ferrari
Deux volants sont utilisés, un pour la route et un pour la piste. Le premier est en cuir Stingray et celui de la version piste mélange Alcantara et le cuir Stingray, “traditionnellement utilisé sur les poignées des épées de samouraï japonais” comme le précise le concepteur.

Citons encore un extincteur enveloppé de cuir, un levier à 6 vitesses avec Cavallino Rampante gravé au laser sur le pommeau du levier de vitesses. La F40 EVO a fait ses débuts en mai au Concorso Ferrari de Pasadena. Authentifiée comme une vraie Ferrari, elle a été exposée en tant que Ferrari F355 de 1997, même si la plaque mentionne F40 EVO. Vous n’en verrez jamais deux pareilles !

Laissons le mot de la fin à son créateur : “La Ferrari F40 EVO est la descendante, forgée dans le creuset de la compétition, à partir des lignées de deux champions emblématiques de Ferrari : l’esprit dominant sur piste de la F355 Challenge et la puissance pure et brutale de l’emblématique F40 LM. La F40 EVO est un hommage vivant aux origines mêmes de l’esprit Ferrari.”
