
Pendant plus de trente ans, elles n’ont pas bougé d’un millimètre. Dans un garage du Minnesota, derrière une porte banale, dormaient côte à côte deux Ferrari 308 GTB et une DeLorean, figées sous la poussière. Jusqu’au jour où la famille du propriétaire a décidé de faire appel à l’équipe de WD Detailling pour leur redonner vie… au moins visuelle. Résultat : une des sorties de grange Ferrari les plus émouvants de ces dernières années.
Deux Ferrari 308 et une DeLorean oubliées pendant trois décennies
La scène s’ouvre comme dans un film. La porte du garage se lève, un rayon de lumière passe… et l’on devine d’abord une DeLorean, puis une Ferrari rouge, puis une deuxième. Deux 308 GTB, l’une de 1976, l’autre de 1977, alignées comme si elles venaient d’être garées la veille. En réalité, elles n’avaient pas vu la lumière du jour depuis près de 30 ans.


Le fils du propriétaire raconte : son père était d’abord un passionné de motos. Un grave accident de deux-roues change tout : partiellement paralysé, il ne renonce pas à la vitesse, mais la transpose sur quatre roues. Il tombe amoureux des Ferrari, achète d’abord une 308, puis en trouve une seconde “à un bon prix”, et les garde toutes les deux. À ces deux 308 s’ajoutent d’autres italiennes dans son histoire personnelle, dont une Ferrari des années 1950 qu’il avait même modifiée avec un V8 Chevrolet pour continuer à la faire courir.

Malgré son handicap, il continue à conduire. La 308 GTB est équipée d’une boîte manuelle à grille, cette fameuse commande métallique qui demande de la précision et de la force. Lui la manie… de la main gauche, en croisant le bras pour passer les rapports, tout en jouant de l’embrayage. Avec le temps, l’âge et la santé ont fini par avoir raison de ses forces. Les voitures n’ont plus quitté le garage, mais il a toujours refusé de s’en séparer. Après son décès, la famille se retrouve avec deux Ferrari mythiques, immobiles, couvertes de poussière, et une question : que faire ?
Une 308 très spéciale : la rare Vetroresina
Derrière cette histoire familiale se cache un détail qui fait vibrer tous les ferraristes : l’une des deux 308 n’est pas n’importe laquelle. Il s’agit d’un exemplaire de 1976 à carrosserie en fibre de verre, ce que les collectionneurs appellent les 308 “Vetroresina”.

Au lancement de la 308 GTB en 1975, Ferrari choisit en effet la fibre de verre pour les premiers exemplaires, afin de gagner du poids et de lancer rapidement la production. Cette solution ne durera que peu de temps : dès 1977, la marque repasse à l’acier, plus simple à produire en volume. Résultat : seules environ 800 Ferrari 308 GTB Vetroresina auraient été fabriquées, ce qui en fait aujourd’hui la variante la plus recherchée du modèle.

Sous cette robe en composite se trouve le V8 transversal 2,9 litres à carburateurs, autour de 240 ch selon les spécifications, accouplé à une boîte manuelle 5 rapports. Les performances absolues paraissent modestes à l’échelle actuelle, environ 7,5 à 8 secondes sur le 0 à 100 km/h, mais ce n’est pas l’essentiel. La 308 GTB représente surtout le début de l’ère des Ferrari V8 à moteur central qui vont définir la gamme “cœur” de Maranello pendant des décennies. À côté d’elle, la 308 de 1977 reçoit une carrosserie acier, des détails de finition légèrement différents, d’autres jantes, mais incarne la même philosophie : ligne Pininfarina, V8 chantant, boîte à grille et ambiance de mini supercar des années 1970.
De la poussière au rouge Ferrari
La vidéo publiée par WD Detailing ne raconte pas une restauration mécanique, mais une renaissance esthétique. Les deux Ferrari sont littéralement recouvertes de poussière, avec parfois de la corrosion superficielle, des pneus d’époque craquelés, un peu de moisissures dans l’habitacle de la 308 aux jantes dorées, et surtout une peinture très délicate à travailler, car sans vernis protecteur.

Le lavage est méticuleux. L’intérieur, principalement en cuir et vinyle, s’en sort finalement plutôt bien, à part quelques traces de moisissure sur le volant et les panneaux de porte. Un nettoyage adapté au cuir suffit à lui redonner son lustre d’antan. On découvre au passage des détails savoureux : un extincteur Ferrari, une trousse à outils, un compartiment arrière recouvert d’une housse en cuir zippée.

Vient ensuite la phase la plus spectaculaire : le polissage. Sur la Vetroresina de 1976, il faut composer avec des micro-rayures et les marques du temps, mais aussi avec des craquelures de la peinture sur certaines zones métalliques, impossibles à effacer sans refaire complètement la carrosserie. Les detailers travaillent jusqu’à faire ressortir un rouge profond, bien plus proche du Rosso Ferrari originel que ce que la couche de poussière laissait deviner. Lorsque les deux 308 sont côte à côte, propres, lustrées, avec les jantes or d’un côté, les jantes argent de l’autre, on comprend à quel point ce garage du Minnesota abritait un trésor, simplement camouflé par le temps.

Comme si deux Ferrari 308 ne suffisaient pas, la vidéo montre un moment assez irréel : deux amis de la famille arrivent à l’atelier… au volant de leurs propres 308. On se retrouve donc avec quatre Ferrari 308 réunies dans le même espace, une sorte de micro-rassemblement dédié à un modèle qui a marqué toute une génération de passionnés, de Magnum P.I. aux collectionneurs actuels.

Mais le moment le plus fort arrive à la fin. Les detailers invitent la famille du propriétaire à découvrir les voitures terminées. La veuve et les enfants entrent dans l’atelier, convaincus de venir voir “les vieilles Ferrari de papa” simplement un peu dépoussiérées. Ils tombent face à deux 308 pratiquement transformées : peinture brillante, jantes éclatantes, intérieurs rafraîchis. La réaction est immédiate : étonnement, rires, puis larmes. La veuve cherche presque du regard “les vraies” voitures, tant le résultat contraste avec le souvenir figé de ces silhouettes poussiéreuses dans le garage familial.


Le fils parle de son père avec une fierté mêlée de tristesse, explique qu’il aurait adoré voir ses voitures dans cet état. Les detailers, visiblement touchés eux aussi, insistent sur le respect qu’ils ont voulu mettre dans chaque étape. Pour eux, ce n’est pas seulement un “contenu” pour YouTube, mais l’hommage à un passionné qui a consacré une partie de sa vie à ces autos. Évidemment, derrière ces images, les collectionneurs font rapidement le calcul. Une 308 GTB acier en bel état peut déjà atteindre une belle valeur sur le marché. Une 308 GTB Vetroresina, produite à un peu plus de 800 exemplaires, bien documentée, avec un historique claire, peut grimper bien plus haut, parfois au-delà des 200 000 dollars pour les exemplaires les plus irréprochables. Avons-nous ici deux Ferrari 308 bientôt sur le marché de l’occasion ?
