Qvale Mangusta : la supercar italo-américaine qui aurait dû être une De Tomaso

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L’histoire qui nous intéresse aujourd’hui est celle de Qvale, un constructeur automobile dont les années d’excistence se comptent sur les doigts d’une main. Un rêve italo-américain, né en Californie, à San Francisco, et fabriqué en Italie, à Modène. La seule voiture commercialisée fut la Mangusta, qui tire son nom du modèle De Tomaso du même nom. Logique, puisque cette voiture aurait dû s’appeler initialement De Tomaso. L’histoire de la Manugsta est aussi celle d’un imbroglio.

Un vieil ami à la rescousse

Au début des années 90, le légendaire fondateur Alessandro de Tomaso est en proie à des soucis de santé mais doit aussi sauver sa marque, qui est moribonde. Son « empire » a déjà dû revendre Maserati, Innocenti ou encore Moto Guzzi pour renflouer les caisses. La Pantera est vieillissante, tandis que la Guara est un flop.

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Inspiré par la TR Griffith, De Tomaso dévoile en 1996 un concept baptisé Bigua, mais qui ne peut dépasser le stade de prototype sans un investissement financier adéquat. Après avoir essuyé le refus de l’Etat Italien, De Tomaso se tourne vers une vieille connaissance, la famille d’origine norvégienne Qvale qui a importé de Tomaso aux Etats-Unis depuis les années 60 ainsi que Maserati quand le Trident était passé sous le blason argentin. Le père, Kjell, a été le premier importateur de Jaguar sur la côte ouest et même propriétaire de la marque anglaise Jensen, jusqu’à sa faillite en 1976. Bruce, son fils, se laisse séduire par l’idée et investit donc chez de Tomaso, dont il devient actionnaire majoritaire.

La Mangouste brise une vieille amitié

Sauf que tout cela tourne rapidement au vinaigre. Entre De Tomaso et Qvale surgissent non seulement des divergences sur le projet mais surtout une lutte de pouvoir. De Tomaso n’entend pas se faire déposséder de sa marque.  En 1998 famille Qvale crée la société Qvale Modena SpA pour produire la Mangusta. La rupture avec De Tomaso est consommée, et Qvale décide de voler de ses propres ailes et jouer en solo.

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Photo Boris Adolf pour RM Sotheby’s

Néanmoins, De Tomaso réagit et obtient l’interdiction d’utiliser son nom. Ainsi, alors que le modèle a été présenté au salon de Los Angeles 2000 sous la marque De Tomaso, et que les premiers modèles ont été produits sous ce blason, la production bascule ensuite vers Qvale. Ainsi, les premiers acquéreurs ont dû passer en concession pour procéder au remplacement du badge.

Pas un physique facile !

Ce changement, au demeurant, condamne déjà le modèle, car Qvale n’a aucune légitimité, en plus d’être difficile à prononcer ! Pourtant, des talents de renom s’y étaient associés : La conception du châssis a été confiée à Enrique Scalabroni, ancien designer de Formule 1 fort d’une solide expérience chez Dallara, Williams et Ferrari. La Mangusta est dessinée par Marcello Gandini, à qui l’on doit la Lamborghini Countach, la Lancia Statos ou encore la…Citroën BX.

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Photo Boris Adolf pour RM Sotheby’s
Photo Boris Adolf pour RM Sotheby’s
Photo Boris Adolf pour RM Sotheby’s

Mais force est de constater que Gandini n’a pas été très inspiré sur ce coup. La Mangusta propose une ligne assez tarabiscotée, massive avec sa ligne de pavillon très haute et surtout une proue ratée avec son spoiler en forme de pince et ses très vilains phares, escamotés par la calandre, qui semblent avoir été piqués à une Ford Ka. On note quelques détails atypiques comme les passages de roues arrière inclinés de la Mangusta, une marque de fabrique de Gandini. Quant à la poupe, elle arbore un pare-chocs atypique soulignant des feux logés derrière une grille noire.

Mais de l’originalité !

La Mangusta exploite un généreux moteur de 4,6 litres issu de la Ford Mustang, et qui aura même droit à une préparation Saleen. C’est surtout par son mécanisme de toit unique, appelé « roto-top », que la supercar se démarque : il coulisse vers l’avant pour permettre le retrait du panneau central.

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Photo Boris Adolf pour RM Sotheby’s

Pour démonter la structure, il suffit de trois étapes : retirer le panneau central léger en défaisant deux loquets (10 secondes), abaisser la section targa à bouton-poussoir derrière les sièges ou affronter une tempête de vent à plus de 65 km/h (10 secondes), et ranger le panneau central dans le coffre (10 minutes).

A contrario de l’extérieur fantasque, l’intérieur est classique mais très élégant et bien fini. Visteon, le département pièces détachées de Ford, fournit une grande partie de l’habitacle et se voit décerner un logo en relief sur le renfort de siège. Le tableau de bord, les sièges et les garnitures gainés de cuir sont uniques à la Mangusta et arborent des kilomètres de coutures triples parfaitement cousues. Des enjoliveurs chromés raffinés entourent le levier de vitesses, chaque poignée de porte et la plaque de climatisation. Le pommeau de levier de vitesses usiné est une pièce magnifique.

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Photo Boris Adolf pour RM Sotheby’s

La Mangusta présente quelques excentricités gênantes. La vitre latérale ne descend pas complètement, le frein à main gauche n’est accessible qu’en serrant maladroitement le bras entre le panneau de porte et le siège ! Entre 2000 et 2002, Qvale a construit 284 voitures, dont la majorité a été exportée aux États-Unis. L’absence d’une marque reconnue, le ralentissement économique et le design inhabituel ont rendu la commercialisation de la voiture difficile. En 2003, Qvale ferme boutique.


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1 avis sur « Qvale Mangusta : la supercar italo-américaine qui aurait dû être une De Tomaso »

  1. Este Qvale está mais para um Alfa Romeo Spider 1995, com linhas de carroceria parecidas e faróis que lembram muito o Fiat Coupê, também de 1995.

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