
Il y a moins de deux mois, une partie de la presse italienne semait le doute : Frédéric Vasseur allait-il être reconduit à la tête de la Scuderia Ferrari ? Certains voyaient déjà son avenir en pointillés, scrutant les Grands Prix du Canada, d’Autriche et de Grande-Bretagne comme autant de tests décisifs. Aujourd’hui, c’est un tout autre climat qui règne à Maranello : le Français vient d’être reconduit à son poste au-delà de 2025, avec un contrat pluriannuel. Une décision forte. Historique, même.
Une stabilité rare à Maranello
Selon plusieurs sources proches de l’équipe, le nouveau contrat s’étendrait jusqu’en 2028, soit une présence de six saisons complètes pour Vasseur chez Ferrari. Un record de longévité dans l’ère moderne : plus que Binotto (4 ans), Arrivabene (4 ans) ou autant que Domenicali (6 saisons de 2008 à 2013). Même s’il est encore loin de se rapprocher du règne de Jean Todt, qui a dirigé Ferrari pendant 14 années, entre 1993 et 2007.
Et comme Todt en son temps, Vasseur a plaidé pour la stabilité, la continuité et la patience, des mots rares dans le vocabulaire Ferrari, mais devenus centraux dans le discours de la Scuderia.
« C’est une bonne chose que cette situation soit derrière nous et que nous puissions nous concentrer sur la suite », a déclaré Vasseur. « En F1, la stabilité est la base d’une équipe gagnante. »
Une Scuderia en transformation
Depuis son arrivée en 2023, Frédéric Vasseur n’a cessé de restructurer l’équipe. Le remplacement d’Enrico Cardile par Loïc Serra, l’arrivée de Lewis Hamilton aux côtés de Charles Leclerc en 2025, le recrutement en profondeur dans les différents départements techniques… Tout cela n’est pas le fruit du hasard. C’est la mise en place d’un projet à long terme.
« Il nous a fallu presque deux ans pour constituer cette nouvelle équipe », explique-t-il. « Il faut trois ou quatre ans pour construire quelque chose de solide. Il n’y a pas de baguette magique. »
Pour l’instant deuxième au championnat constructeurs 2024 à l’heure actuelle, devant Red Bull et Mercedes, Ferrari affiche une solidité nouvelle. Les arrêts aux stands sont rapides, la fiabilité est au rendez-vous, malgré une première moitié de saison difficile en terme de performance pure.
Le poids du passé… enfin levé ?
Depuis 2007, aucun Team Principal n’avait vraiment su s’imposer dans la durée. Chaque projet était avorté avant même d’avoir atteint sa pleine maturité. Frédéric Vasseur semble, lui, avoir brisé ce cycle infernal. Il a gagné la confiance de ses pilotes, de ses ingénieurs, et surtout de ses dirigeants.
« Ce qui est un peu étrange en F1, c’est qu’il est parfois difficile de garder les gens, mais aujourd’hui, je suis satisfait. Nous avons de la stabilité avec les pilotes, Loïc Serra, et nous continuons à recruter. »
Il ajoute : « Quand vous construisez une équipe, cela prend du temps. C’était vrai pour Jean Todt, pour Christian Horner… Ce le sera aussi pour nous. »
Un pari gagnant pour 2026 ?
En signant ce nouveau contrat, Ferrari donne à Vasseur les clés pour aborder le virage stratégique de 2026, avec l’introduction du nouveau moteur, un règlement technique revu, et une grille de F1 potentiellement bouleversée. C’est à ce moment-là que son travail sera réellement jugé.
« 2026 sera une saison très importante, avec beaucoup de changements. Nous devons tous pousser dans la même direction », insiste Vasseur.
Il est désormais clair que Ferrari ne veut plus reconstruire tous les deux ou trois ans. Elle veut bâtir. Et cette fois-ci, elle veut le faire avec Vasseur à la barre.
Le renouvellement de Frédéric Vasseur est un signal fort. Ferrari semble enfin comprendre que la stabilité managériale est une condition sine qua non du succès, comme l’histoire l’a déjà prouvé avec Jean Todt. Il reste désormais à transformer cette promesse en résultats… mais cette fois, le temps ne semble plus être l’ennemi du Team Principal. Il est devenu son allié.