
Il y a deux mois à peine, la presse italienne s’enflammait : Frédéric Vasseur allait-il être débarqué de son poste de Team Principal de la Scuderia Ferrari ? « La Gazzetta dello Sport », « Corriere dello Sport » ou encore « Motorsport Italia » multipliaient les spéculations. On lisait partout que son avenir se jouait sur trois Grands Prix – Canada, Autriche, Grande-Bretagne – et qu’Antonello Coletta, patron du programme endurance, était déjà prêt à prendre la relève.
Ce scénario n’a pas tenu longtemps. Début août, Ferrari a balayé ces rumeurs en prolongeant Vasseur au-delà de 2025 avec un contrat pluriannuel. Un choix fort, historique même, qui brise le cycle infernal des changements de patron tous les quatre ans. Mais l’histoire ne s’arrête pas là : aujourd’hui, c’est Vasseur lui-même qui revient sur ces semaines agitées. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas mâché ses mots.
« Ce ne sont pas moi ni Ferrari qui avons parlé, ce sont les médias »
Dans une interview accordée le 19 août, Frédéric Vasseur a tenu à remettre les choses au clair. Selon lui, les rumeurs sur son avenir ont fait plus de mal que les résultats décevants de la première moitié de saison. « Ce sont les rumeurs qui ont provoqué les remous. Ce n’est pas moi qui les ai lancées ; ce sont les médias. Ni Ferrari ni moi n’avons pris la parole. »
Avec une Ferrari SF-25 en retrait face à la domination de McLaren, il n’en fallait pas plus pour que certains journalistes italiens évoquent déjà son départ. Mais pour Vasseur, ce climat de suspicion, entretenu par des « reportages devenus beaucoup plus agressifs », a fragilisé inutilement l’équipe.
Le contrat retardé par les rumeurs
Ferrari a officialisé le nouveau contrat de son patron début août. Mais d’après Vasseur, il aurait pu être signé bien plus tôt sans le bruit médiatique. « Lorsque ces rumeurs ont fait surface au Canada, j’étais très en colère, car elles allaient trop loin », explique-t-il.
Le directeur technique Loïc Serra a lui aussi été visé par des critiques injustes, alors qu’il n’avait pas encore eu le temps d’imprimer sa marque sur la voiture. Charles Leclerc a été annoncé chez Mercedes à plusieurs reprises, malgré un contrat long terme avec Ferrari. Résultat : une atmosphère tendue qui a compliqué les discussions internes.
Une équipe perturbée… mais soudée
Si les rumeurs ont agacé Vasseur, elles ont aussi permis de mesurer le soutien dont il bénéficie en interne. Charles Leclerc et Lewis Hamilton ont immédiatement pris sa défense, affichant publiquement leur confiance en lui.
Et à y regarder de près, les faits donnent raison à Vasseur. Depuis son arrivée début 2023, Ferrari a progressé : troisième en 2023, deuxième en 2024, et malgré une première partie de saison 2025 décevante, l’équipe reste la deuxième force du plateau. Surtout, Vasseur a posé des jalons pour l’avenir : Hamilton aux côtés de Leclerc, Loïc Serra en technique, un recrutement profond, et 2026 comme horizon.
Vasseur reste lucide, et combatif
Le Français rappelle que Ferrari a besoin de temps pour reconstruire une équipe championne. « Il nous a fallu presque deux ans pour constituer cette nouvelle équipe. Il faut trois ou quatre ans pour construire quelque chose de solide. Il n’y a pas de baguette magique. »
Il en profite aussi pour souligner que Ferrari n’est pas la seule victime de ce type de rumeurs : « Regardez Red Bull, avec toutes les spéculations sur Verstappen. Cela peut déstabiliser n’importe quelle équipe. »
Pourquoi Vasseur a raison
En attaquant la presse italienne, Vasseur touche un point sensible. Car à Maranello, l’émotion prend souvent le pas sur la raison. Or, si Ferrari veut renouer avec les titres, elle a besoin de continuité. Jean Todt l’avait prouvé en son temps : il a fallu plus de six ans pour bâtir l’équipe qui allait dominer la F1.
Aujourd’hui, Vasseur a gagné son pari : il reste en place, avec un contrat qui lui donne la légitimité et le temps pour mener son projet jusqu’à l’ère 2026. Oui, les médias italiens ont créé du bruit. Oui, cela a eu un impact négatif. Mais Vasseur a tenu bon. Et pour la première fois depuis longtemps, Ferrari semble enfin avoir choisi la stabilité.