ESSAI Alfa Romeo Tonale PHEV 270 ch : il a enfin tout d’un vrai SUV premium italien ?

Un peu plus de trois ans après son arrivée en concession, l’Alfa Romeo Tonale 2.0 est déjà là ! Sa mission est essentielle pour la marque : positionné sur le segment C des SUV premium, il vient affronter les références bien établies que sont les Audi Q3, BMW X1 et Mercedes GLA. Alors, pourquoi déjà une évolution ? Pour corriger certains points faibles identifiés, et pourtant cruciaux sur ce segment. Oui, ce Tonale 2.0, ce n’est pas seulement un nouveau pare-chocs avant : c’est bien plus que cela.

A l’extérieur : vous êtes plutôt conservateur ou progressiste ?

Avant d’aborder la partie extérieure, la plus visible, je commencerai par la personnalisation. Soyons clairs : à la création du groupe Stellantis, le mot d’ordre était « rentabilité ». Résultat, les possibilités de personnalisation que nous avions connues par le passé s’étaient fortement réduites. Un choix qui a pu être perçu négativement pour une marque premium : peu de coloris extérieurs, d’intérieurs, de jantes ou d’étriers. Sur ce point, un réel effort a été fait : trois nouveaux coloris extérieurs, deux nouveaux intérieurs et un nouveau design de jantes. C’est déjà mieux !

Les teintes extérieures sont toutes intéressantes : du puissant Rouge Brera au chic Vert Verde Monza, en passant par le voyant Giallo Ocra. La nouvelle jante à trois trous fait d’ailleurs le lien avec le design inauguré par l’Alfa Romeo Junior. Si je devais chipoter, je dirais qu’il manque encore des étriers jaunes ou bleus — ici, on n’a le choix qu’entre le noir et le rouge. Mais saluons tout de même ce vrai pas en avant en matière de personnalisation.

À moins de n’avoir jamais vu cette voiture de votre vie, le pare-chocs avant est très certainement la nouveauté la plus visible ! Déjà, hourra : un beau scudetto dans la pure tradition Alfa Romeo. Il va même un peu plus loin en reprenant des éléments de design inspirés de la supercar 33 Stradale. On peut, là aussi, chipoter sur le fait qu’il ne soit pas possible de choisir sa couleur : noir ou gris, par exemple.

Globalement, le design est plus sportif, agressif, et dans l’air du temps. Et je peux vous dire qu’il plaît à la plupart des personnes à qui je l’ai montré. Petite parenthèse design : j’aime toujours rappeler une explication donnée par un designer automobile avec qui j’avais pu échanger. Il m’avait expliqué que la première version du design d’une voiture est la plus pure, celle qui se rapproche le plus du concept initial, tandis que les versions suivantes cherchent davantage à suivre la tendance. Et effectivement, ça fonctionne. Vous avez donc le choix entre l’ancien design du Tonale, fidèle à la version originale, et le nouveau, plus moderne et affirmé. Je referme la parenthèse.

Toujours au sujet du pare-chocs, je pense qu’Alfa Romeo aurait pu faire comme d’autres constructeurs avec leurs finitions S-Line, Pack M, etc. : proposer un pare-chocs « sage », fidèle au design d’origine, pour les versions de base, et réserver ce nouveau pare-chocs plus sportif aux finitions Veloce ou à un pack optionnel payant. C’est une stratégie qui fonctionne bien ailleurs, et qui aurait pu être judicieuse ici aussi.

Point technique concernant ce nouveau pare-chocs : au-delà de son design plus moderne, il intègre aussi une fonctionnalité aérodynamique avec des prises d’air latérales destinées à optimiser les flux, et des ouvertures centrales autour du scudetto pour améliorer le refroidissement du moteur.

Du mieux à l’intérieur

À l’intérieur aussi, le Tonale 2.0 profite de plusieurs nouveautés bienvenues. Avant de parler de ces ajouts, rappelons les éléments déjà emblématiques : le beau volant Alfa Romeo avec son bouton de démarrage directement intégré, comme sur une Ferrari, ou encore les palettes en aluminium, dans la pure tradition des Giulia, Stelvio et même… Maserati ! Bref, la classe italienne.

La console centrale a également été redessinée, et avec réussite, adoptant le nouveau sélecteur de vitesse déjà introduit en début d’année 2025. Alors bien sûr, comparé à une Giulia ou un Stelvio, on n’est pas tout à fait dans le même univers, mais le niveau reste très correct face à la concurrence. À noter enfin que le Tonale est aujourd’hui le seul modèle de la marque à ne pas avoir l’écran intégré au tableau de bord.

Parmi les nouveautés les plus visibles à l’intérieur, on note le retour du cuir rouge. Même s’il ne représentera sans doute pas la majorité des commandes, il reste un grand classique chez Alfa Romeo. L’autre nouveauté est un mélange noir et blanc en Alcantara, élégant. Ah, j’aurais adoré aussi voir une teinte tabac ou camel, c’est tellement beau… Peut-être pour le Tonale 3.0 !

Les technologies sont peut-être les nouveautés les moins visibles, et pourtant les plus importantes.
Je ne vais pas toutes les lister, mais l’arrivée de la caméra 360° avec vue “drone” est plus que bienvenue, presque indispensable sur ce segment. Le Tonale 2.0 dispose également des aides à la conduite de niveau 2 et du stationnement automatique (que, personnellement, je n’utilise jamais : à chaque fois, ça prend plus de temps… et ça me fait un peu peur !). Autre détail appréciable pour un SUV premium : les sièges avant chauffants et ventilés, ainsi qu’un volant chauffant et même des buses de lave-glace chauffantes. De quoi affronter l’hiver dans un confort total.

Pour le reste de l’infodivertissement, connectez votre iPhone ou smartphone Android pour profiter de CarPlay ou Android Auto, et ce sera largement suffisant (je n’utilise que ça depuis des années sur toutes mes voitures). Certains diront que l’écran est un peu petit… mais enfin, vous êtes dans une Alfa Romeo, pas dans une Tesla ! Autre point très intéressant : le chargeur à induction pour smartphone est ventilé, ce qui permet de refroidir le téléphone pendant la charge. C’est intelligent, et bien pensé !

De petites évolutions techniques

Le lendemain de la présentation du nouveau Tonale, j’avais publié un article comparatif qui montrait, factuellement, que le nouveau Tonale semblait moins “Veloce” que l’ancien. En tout cas, sur le papier. Par rapport à la première version, les voies avant et arrière ont été élargies d’un centimètre. Le réglage du châssis a également été, selon Alfa Romeo, retravaillé pour offrir des sensations de conduite plus sportives. Les suspensions McPherson et les freins Brembo restent bien sûr au programme.

Côté moteur, la puissance du 1.3L 4 cylindres passe de 280 à 270 chevaux, avec une baisse notable de la partie thermique, de 180 à 150 ch. L’ensemble reste associé à la boîte automatique à 6 rapports C635 DDCT, bien connue dans le groupe, puisqu’on la retrouve déjà sur les Alfa Romeo MiTo, Giulietta, et même la 4C !

Au final, d’après ce que j’ai compris lors de la présentation presse, le principal travail a porté sur la partie logicielle : la gestion du moteur électrique et de la batterie. Objectif : offrir un meilleur comportement, avec une puissance plus constante et plus linéaire à l’usage.

Au volant

J’ai toujours une grande difficulté quand je teste une Alfa Romeo. Après avoir possédé pendant trois ans l’excellente Giulia, mon inconscient l’a érigée en référence absolue du plaisir de conduite qu’une voiture peut offrir. Ainsi, quand j’ai essayé le Tonale en 2022, le Junior Veloce 280 ch ou encore le Junior 145 ch Q4, j’ai toujours, quelque part dans ma mémoire “cellulaire”, le souvenir des sensations de la Giulia.
Et pourtant, en toute rationalité, ni le Junior, avec sa plateforme eCMP, ni le Tonale, basé sur une plateforme Fiat, ne peuvent rivaliser. Je le sais… mais cette référence émotionnelle reste gravée en moi. C’est devenu, en quelque sorte, ma madeleine de Proust automobile.

Et frôler cette référence, c’est possible. Le Junior Veloce 280 ch, grâce au sorcier Domenico Bagnasco, s’est révélé particulièrement surprenant. Alors, quand ce même sorcier explique lors de la conférence de presse toutes les évolutions apportées à ce Tonale 2.0 pour retrouver ce plaisir de conduite, au point même de le comparer au Stelvio sur une des slides de présentation… la promesse est énorme.

Sans plus attendre, voici mon avis. Le feeling de conduite en mode N est étonnant. Que ce soit à 20 km/h ou à 100 km/h, on a presque la sensation de conduire une Fiat 500, tant la direction est très souple et sans réel retour d’information de la route. J’ai pu prendre des virages serrés à 90 km/h sans percevoir de vrai retour dans le volant. Un peu comme le mode City des Fiat, pour ceux qui connaissent, mais appliqué à haute vitesse. Un feeling assez déroutant. À l’inverse, en mode D, la direction devient bien plus ferme, mais le retour d’information reste limité, ce qui est tout aussi perturbant.

Côté puissance, difficile de dire si la voiture développe 220, 250, 270 ou 300 ch… Ce que je peux affirmer, c’est que ça pousse bien. Que ce soit sur les routes sinueuses, lors d’un dépassement ou d’une insertion, le Tonale PHEV offre une puissance satisfaisante et rassurante. Le bruit naturel du moteur électrique, présent lors des accélérations et décélérations, est même plutôt agréable à l’oreille.

En revanche, la boîte robotisée se montre trop lente lors du passage des rapports en mode manuel. Pour les rétrogradages, ça va, mais il est clairement préférable de la laisser en mode automatique. Il y a facilement une petite seconde de latence entre le moment où j’appuie sur la palette et le passage du rapport, ce qui est assez perturbant. En boîte auto, en revanche, la gestion est plus fluide et cette sensation disparaît. C’est étrange !

C’est une version Veloce : la puissance et la tenue de route sont là, mais je n’ai pas ressenti la connexion directe avec la route que j’attends d’une Alfa Romeo. J’irais même jusqu’à dire que le feeling du Junior Veloce 280 ch m’avait peut-être davantage convaincu. La comparaison avec le Stelvio, évoquée lors de la conférence de presse, était donc audacieuse. Autant, sur le papier, le Tonale peut tenir la comparaison en termes de performances dans les virages, autant en matière de ressenti au volant, la différence reste nette.

En revanche, j’ai beaucoup apprécié que ce Tonale PHEV se comporte presque comme un HEV.
C’est-à-dire qu’à basse comme à haute vitesse, il parvient à alterner naturellement entre mode hybride (électrique + thermique) et 100 % électrique. Même batterie vide, il semble conserver une petite réserve d’énergie permettant encore quelques phases en électrique pur, comme un vrai HEV. Au final, c’est presque une voiture hybride classique, avec le poids supplémentaire d’une batterie de PHEV.

Alors, j’achète ?

Je dois vous avouer qu’au moment où j’écris ces lignes, je me pose beaucoup de questions sur ma prochaine voiture du quotidien, que je devrai changer dans environ six mois. Étant en France, l’Alfa Romeo Tonale PHEV pourrait être un candidat sérieux (à cause des taxes).

Son nouveau design, plus sportif, me plaît beaucoup. Il offre désormais des technologies indispensables, comme la caméra 360° avec vue drone. Le comportement routier n’est certes pas celui d’un Stelvio (mais il ne fallait pas s’attendre à un miracle), toutefois il conviendra parfaitement à monsieur et madame Tout-le-Monde. L’intérieur a progressé, même si, sur un modèle Veloce à plus de 50 000 €, on pourrait attendre d’Alfa Romeo qu’elle s’aligne davantage sur la concurrence en matière de finitions de portières.

Le seul vrai défaut de cette version PHEV reste la taille du coffre, mais c’est une limite commune à la majorité des hybrides rechargeables. J’aurais aimé essayer la version MHEV de 175 ch pour voir si, avec 100 chevaux de moins mais aussi 300 kg de moins, le comportement s’en trouve transformé.

Si l’on regarde plus largement le segment des SUV compacts premium (C-SUV), il faut reconnaître qu’il n’existe aucune autre alternative italienne pour l’instant. Il y aura bien la Lancia Gamma l’année prochaine, un SUV premium au positionnement différent, sans réelle ambition sportive (du moins jusqu’à la version HF prévue pour 2027). Côté concurrents, la nouvelle Audi Q3 ne brille pas particulièrement par son design extérieur, et le best-seller BMW X1 n’est pas beaucoup plus inspiré esthétiquement, surtout dans ses versions d’entrée de gamme. Chez Mercedes, on trouve le GLA, mais je dois avouer que je connais moins bien la marque à l’étoile, je n’ai jamais été client chez eux, contrairement aux deux autres.

	Alfa Romeo Tonale PHEV	Audi Q3 PHEV	BMW X1 PHEV
Moteur	270 ch	272 ch	245 ch
0 à 100 km/h	6,6 sec	6,8 sec	6,8 sec
Autonomie électrique	61 km	116 – 119 km	76 – 83 km
Batterie	15,5 kWh	25,7 kWh	16,3 kWh
Temps de charge 3,7 kW (16A)	5 h	8 h	5 h
Temps de charge 7,4 kW (32A)	2,5 h	4 h	2,5 h
Coffre	385L	375L	490L
Prix	46 500 €	55 000 €	56 350 €

Car oui, j’ai beau aimer les marques italiennes, j’ai aussi été client Audi et BMW (oulala !), donc je pense pouvoir parler en toute objectivité. Je pense sincèrement que, rien que par son design, le Tonale a une vraie carte à jouer. Il faut avoir de la mozzarella dans les yeux pour oser dire que les autres SUV sont plus beaux.

Côté équipement, avec la caméra 360° et sa vue “drone”, les sièges chauffants et ventilés, le volant chauffant ou encore le chargeur à induction, il est parfaitement au niveau de ce qui se fait ailleurs. L’intérieur fait certes moins “high-tech” que chez les Allemands, mais c’est justement ce qui fait le charme et l’atypisme d’Alfa Romeo.

Bref, je ne sais pas encore si je vais acheter ce Tonale 2.0 (j’hésite toujours avec un Stelvio…). Mais j’ai aussi un coup de cœur pour la nouvelle couleur Verde Monza… Ses deux “défauts”, à mes yeux, tiennent surtout à mon style de conduite : une direction un peu trop souple et une latence trop marquée lors du passage des rapports. Mais pour la grande majorité des conducteurs, ces points seront quasiment imperceptibles.

Alors, si vous cherchez un SUV compact au design distinctif, 100 % made in Italy, du style au châssis, en passant par le moteur, le Tonale 2.0 mérite clairement votre attention. Sûrement le plus beau de sa catégorie, bien équipé et compétitif en prix face à ses rivaux directs… Franchement, je ne vois pas de raison pragmatique de ne pas craquer. Crédit photos : Italpassion !