L’info est tombée sur le net avec parcimonie mais il semblerait que des modifications géostratégiques plus ou moins lourdes de conséquences soient envisagées pour 3 modèles accessibles du catalogue Fiat et Alfa Romeo. Les voici :
La Panda déménagera-t-elle ?
En effet, il semblerait que l’on envisage du côté de Turin de déménager la Panda pour la future génération et de la rapatrier à nouveau en Pologne (où était construite la Panda 2). Un nouveau changement de pied qui interpelle.
En effet, pourquoi avoir décidé de relocaliser la Panda 3 en Italie, dans l’usine de Pomigliano d’Arco, près de Naples ? A l’époque, on insistait sur le courage du groupe d’installer sur son sol les lignes de fabrication d’un petit modèle, là où les concurrents, pour sauvegarder leurs marges, les délocalisaient à tour de bras en Europe de l’Est. Fiat en semblait fier et insistait sur l’italianité préservée de son modèle, sans compter que cela remplissait une usine entière alors quasiment déserte, préservant les emplois et contentant les syndicats.
Alors, aujourd’hui, la Panda retournerait-elle à Tychy, en Pologne, aux côtés de sa soeur 500 ? La fille prodigue serait-elle sur le chemin du retour après son aventure italienne ? Et pour quels effets ?
Si l’affaire devait se confirmer, nul doute qu’il s’agirait avant tout d’une décision dont l’objectif n°1 serait d’augmenter les bénéfices, car elle coûterait un peu moins cher à produire en Pologne qu’en Italie. Mais les prix baisseraient-ils pour autant ? Ce n’est pas certain. Fiat préférant peut-être (sans doute) augmenter sa marge.
A moins que la prochaine génération retourne à un esprit minimaliste, plus proche de la Panda 1, d’où la recherche de la baisse des coûts à tout prix ? Alors une prochaine Panda typée pure low-cost ? Ou a contrario continuera-t-elle sa montée en gamme comme certaines de ses concurrentes ? A voir…
Quoi qu’il en soit, cela laisserait l’usine de Pomigliano d’Arco complètement vidée de sa substance. Pas sûr que ce soit le plan produit d’Alfa Romeo qui comble les usines, soyons lucides. Alors, bientôt un mouvement social à Naples ?
La Mito et la Giulietta vont-elles être abandonnées ?
C’est l’autre affaire du jour. Des rumeurs persistantes insistent sur l’abandon ou bien la mise en sommeil prolongée des deux véhicules d’accès à la gamme Alfa, qui ne seraient pas remplacées (en tout cas pas tout de suite).
Reid Bigland, le patron d’Alfa Romeo, vient de le reconnaître, au salon de Genève. Pour lui, la marque italienne a en effet d’autres priorités.
Selon lui, ce sont deux véhicules pensés essentiellement et même exclusivement pour le marché européen. Aujourd’hui, selon lui, la marque pense « stratégie mondiale » et « expansion à l’international ». Dans cette stratégie, les modèles européano-centrés n’ont pas de raison d’être. Tout simplement. Il déclare ainsi que si ces modèles sont toujours à vendre, ils sont très euro-centrés « nous ne les vendons pas aux États-Unis [ni] en Chine » ajoutant ensuite que La nouvelle [identité] Alfa est définie par la 4C, Stelvio et Giulia. Voilà ce sur quoi nous nous concentrons« .
La Giulietta et MiTo sont deux très bonnes voitures, mais elles ne sont pas au même niveau que Giulia et Stelvio, [et] l’indice de référence, que nous avons fixé à Alfa est beaucoup plus compatible avec la Giulia et le Stelvio.
Pieter Hogeveen, le directeur Alfa Romeo en Amérique du Nord, fait écho à ces déclarations. Récemment, au salon de Toronto, au Canada, il avait déclaré qu’il était difficile d’imaginer des produits comme la Giulietta se rendant en Amérique du Nord où les petits véhicules offrent de faibles marges bénéficiaires et ne sont pas populaires en Amérique du Nord ni en Chine, ajoutant d’ailleurs que les Alfa futures allaient chasser un segment plus important du marché plutôt que le segment des sous-compactes. Voilà qui a le mérite d’être clair.
Et comme notre homme ne s’est pas arrêté là, il a même avancé que « si vous jetez un oeil à où va l’industrie aux États-Unis, l’industrie du premium est d’environ deux millions d’unités par an » puis que « Vous voyez, la croissance est dans les véhicules plus grands, pas dans les véhicules de taille plus petite. Nous voulons nous assurer que nous sommes en concurrence dans les segments où la possibilité de croissance en volume est forte, mais nous voulons aussi offrir aux gens les attributs qu’ils doivent attendre d’une Alfa Romeo« , concluant par un « Je sais qu’en ce moment, Giulietta ne rentre pas dans nos plans ».
Ainsi, si MiTo et Giulietta devraient encore rester au catalogue un certain temps (en tout cas pour Giulietta), on se doute que les prochains modèles prioritaires seront haut de gamme, avec les tarifs qui vont avec.Certainement un ou deux SUV sont-ils en ce moment la priorité.
Quoi qu’il en soit, attention pour Alfa Romeo, à ne pas lâcher la proie pour l’ombre, à ne pas délaisser l’Europe et ses clients Alfistes pas forcément fortunés, pour se lancer dans une stratégie premium où les clients ne suivraient pas forcément, en particulier à l’international où les Allemands sont très bien implantés et ont fidélisé leur clientèle. Alors que beaucoup ont continuer d’acheter des Mito et Giulietta pendant les années difficiles, les oublier aujourd’hui et plus encore demain, est-il correct pour eux et intelligent pour la stratégie ?
Enfin, Reid Bigland a confirmé que la stratégie d’offrir 6 modèles Alfa supplémentaires s’était un peu transformée, refusant de se prononcer sur l’échéance de cette promesse. Tout dépend aussi du succès de Giulia et Stelvio…